Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/87

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fuit !… s’est échappée la sagesse et par où — l’horreur du vide — a filtré un rayon de lune, « l’astre qui fait l’éclipse et qui fait la démence » ; Où cela va-t-il me mener ?… Me voici maintenant, ma chère, furieuse contre lui, contre moi, contre tout le monde. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Le sais-tu, toi, ma bonne ; réponds-moi vite… »

Paul, de son côté, s’était laissé complètement englué par les charmes de la Montréalaise. D’abord, il avait été étonné par la beauté et la grâce de la jeune fille. Il avait éprouvé en sa présence une émotion dont la signification lui avait échappé lors des premières rencontres. Mais le jour arriva où il sentit que l’amour triomphant en lui de toutes les réticences s’était claquemuré dans son cœur ; il dut s’avouer, comme une faute, qu’il aimait Blanche Davis. Le souvenir si doux de la gentille fille du menuisier Thérien, le sang de paysan qui coulait si généreux dans ses veines, furents impuissants à empêcher Paul Duval d’aimer celle qui, sans lui demander qui il était ni d’où il venait, lui avait si spontanément donné son amour.

Aussi, se mit-il à tout faire pour oublier le passé, pour élargir le cadre de ses ambitions, pour se faire, enfin, une vie plus conforme à son nouvel idéal…

Quant au pauvre Gaston Vandry, assurément, ses actions baissaient, comme on aurait dit dans le cercle des jeunes joueurs à la Bourse dont il faisait partie dans la Métropole… À toutes les tentatives du bon Monsieur Davis pour sonder les sentiments assez