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la baie

et à couper sa viande par quartiers que nous fîmes tremper dans de l’eau fraîche pour la conserver. Nous ne pensions jamais manger d’aussi bons rôtis ; on eut dit des rôtis de porc frais.

Le fait est que le lundi midi, quand nous arrivâmes aux campes, apportant une vingtaine de seaux de bleuets et ce qui restait de la viande de l’ours, pour nous amuser, nous fîmes accroire à quelques femmes restées à la concerne, que nous avions trouvé, au pied du Cap-à-l’Est, un cochon perdu, et qui s’était, sans doute, échappé de Chicoutimi, et que nous l’avions tué, ce qui nous avait permis de nous régaler de porc frais. Les femmes, crédules, firent rôtir les pièces de viande apportées et restèrent convaincues qu’elles avaient mangé des « socs » de porc…

Le lendemain de ma première communion, alors que j’atteignais ma treizième année, mon père me retira de l’école pour l’aider aux travaux de sa terre.