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la baie

ruine-babine. Je me rappelle aussi d’un certain Phydime Simard, claireur dans un chantier de l’Anse-à-Benjamin, qui aurait pu faire mourir de fatigue tous les danseurs de quadrilles avec sa bombarde dont il battait la langue entre ses deux rangées de dents longues d’un pouce pendant toute une nuit.

Saint-Alexis était devenu vraiment considérable. On avait maintenant couvert de fer-blanc le clocher de la chapelle, ce qui était un luxe qu’on admirait même de Chicoutimi. Il y eut, un jour, une assemblée des notables de la place qui décidèrent de demander à l’évêque de Québec un curé résident. Tous les habitants de la paroisse s’engagèrent pour cela à fournir, chacun, quatre piastres par année. L’évêque consentit et le premier curé arriva bientôt. C’était l’abbé Pouliot qui était chargé, en outre, de tous les postes de chantiers et de sauvages établis le long du Saguenay : l’Anse Saint-Jean, le Tableau, le Petit Saguenay, l’Anse-au-Cheval, la rivière Sainte-Marguerite, que notre premier curé devait visiter deux fois par année. Je vous assure que les communications entre ces différents postes n’étaient pas commodes. Même à Saint-Alexis, malgré notre prospérité, on pouvait pas dire que l’on dormait sur des lits de feuilles de roses.

La terre de chez nous s’agrandissait quand même. Mais il fallait travailler bien dur.