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VI

Au temps de la colonie française de Québec, nous disait, un jour, le Père Honorat, tous ceux qui venaient de la France pour s’établir aux bords du Saint-Laurent, faisaient la corvée ; corvée pour les semences, corvée pour les moissons, corvée pour la construction des bâtisses. Tout le monde s’entr’aidait ainsi, et il en a toujours été de même, je pense. En effet, mon grand-père, qui est mort à l’âge de quatre-vingt-dix ans, me disait qu’une grande partie des paroisses de Charlevoix avaient été bâties par corvées entre habitants. Un matin, tous les hommes d’une paroisse se réunissaient chez un nouvel arrivant qui n’avait pas encore de quoi abriter sa famille et, en un tour de main, pour dire plus vrai, dans la journée, on lui construisait sa maison et, le lendemain, les dépendances, étables, grange, hangar, etc. Dam ! faut bien croire que toutes ces bâtisses-là devaient pas être des châteaux ni des palais, pour animaux des fermes expérimentales du gouvernement d’Ottawa ou de Québec. Elles étaient quand même résistables et plusieurs sont encore solides aujourd’hui. On a fait de même à la Grande Baie et il a bien fallu, allez !

Au lendemain du grand feu, les trois quarts des habitants de Saint-Alexis et de Saint-Alphonse, sans compter les gens de la « concerne » de l’Anse-à-Benja-