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LA RIVIÈRE-À-MARS

la nuit, pendant des semaines et des semaines, tissant dans l’air une nappe immense à travers laquelle passait un jour blafard. Pendant les accalmies, le vent du nord se mettait à souffler, faisant tomber la neige des branches dans le col des bûcherons.

Malgré le froid, les sueurs sourdaient du torse et imbibaient les chemises, tandis qu’à mesure que la chaleur du corps la faisait fondre, la neige plaquait de nouvelles avalanches sur les épais tricots de laine.

Il en fut ainsi jusqu’aux fêtes, alors que Pierre Maltais et son engagé descendirent à Saint-Alexis.

Ils trouvèrent le village aussi enseveli que leur cambuse perdue au creux des montagnes blanches. Jamais depuis le premier hivernement des « Vingt-et-Un » on n’avait vu tomber tant de neige à la Grand’Baie. Alexis Picoté raconta à son garçon que certains matins de tempête, le chemin des voitures était au niveau des toits. Et Pierre, donnant le change, rappelait qu’au Lac Ha ! Ha !, certains matins, on ne pouvait apercevoir de son