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LA RIVIÈRE-À-MARS

Mais l’arrivée des bateaux à la Baie émoustillait naturellement les jeunesses de Saint-Alphonse et de Saint-Alexis. Dès que le « Clyde » — c’était le nom du premier bateau qui fit ce service — pointait dans le « Bras du Saguenay », le ponton où il devait accoster, et que devait un peu plus tard remplacer le quai, se couvrait de monde. On ne se faisait pas scrupule de quitter les travaux des champs les plus pressants pour venir assister à l’accostage et voir les passagers.

Pierre fut huit jours absent à Québec. Il raconta ensuite avec complaisance, au cours des nombreuses veillées qu’on organisa après son retour, simplement pour avoir le plaisir de l’entendre, les merveilles qu’il avait vues dans la grande ville. Il ne cessait pas de dire combien il était facile de s’y faire une belle vie, une vie « d’adon avec ses goûts ».

Et ces récits attristaient davantage le lamentable fondateur du Saguenay agricole. Avec l’arrivée des bateaux, des idées nouvelles s’étaient mises à germer dans la cervelle des jeunes. Et, le soir, de nouvelles plaintes s’exhalaient du cœur des anciens, dans la grande cuisine de la maison