Page:Potvin - Le Français, 1925.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
VIII
LE FRANÇAIS

un génie, comme on disait jadis. Il faudrait s’intéresser aux contes, aux historiettes, aux traits de mœurs, à la sapience et aux croyances rustiques, et à toutes les démarches de l’imagination populaire. On trouverait aux champs une rhétorique neuve. Non pas seulement des expressions, des procédés, mais des façons de prendre les choses ; des vertus de fantaisie et de grande simplification. Peut-être autre chose encore ».

« C’est un tour d’esprit vieux de 40 siècles et plus qui disparaît. Ou qui change. Ces citadins reviennent prendre des vacances à la campagne. S’ils pouvaient reprendre contact avec la terre !


« On pourrait même, si l’on se tournait mieux vers le vrai vieux côté populaire, presque primitif, c’est-à-dire en somme vers les champs, écrire des romans pas trop romans, presque essais, presque reportages. La province, un bourg et sa faune, la campagne, quelle mine ! Jadis on n’aurait pas osé. C’était du vrai trop peu vraisemblable. Aujourd’hui on nous a habitués à bien des bizarreries, on pourrait être simplement vrai en relatant simplement. Cela ferait comprendre bien des choses ».


« Le peuple des champs, des métiers, demeure le véritable artisan de la langue, celui auquel il faut toujours revenir. Le jargon des classes instruites n’est pas hideux seulement, mais pernicieux. Des imbéciles, il fait des sots, en leur apprenant à se servir de mots qu’ils comprennent mal.

« Taine disait que nous perdons de plus en plus la vue pleine et directe des choses, parce que nous étudions, au lieu des objets, leurs signes, des mots abstraits, qui deviennent de plus en plus abstraits, de plus en plus éloignés de l’expérience. Le simple raisonnement verbal accouple les idées en axiomes et en dogmes et ces simulacres métaphysiques engendrent de curieux avortons.