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LE FRANÇAIS

« Le voit-on bien ? Le vrai danger social, c’est la bêtise Ou plutôt la sottise, c’est-à-dire la bêtise prétentieuse ».


« La guerre, les hasards de la vie contemporaine, cela tend à rendre au langage parlé un peu du nerf de la liberté, de la franchise qu’il eut aux époques du danger. En passera-t-il quelque chose dans le langage écrit ? Qu’est-ce qu’une aristocratie qui ne tient pas au peuple ? Qu’une tenue haute sans un certain tour libre, presque familier ? Il est bon que langage parle et langage écrit restent en liaison et se surveillent l’un l’autre ».


« La langue est trop écrite aujourd’hui. On a besoin tout ensemble de sobriété et de force. « La haine que j’ai contre cet « homme », disait Renoir de Victor Hugo, « tient à ce que c’est lui qui a déshabitué les Français de parler simplement ». Quel remède ? Un retour aux origines.

« La langue, chez nous, est née de la terre, comme la latine. Elle ne s’est pas formée dans les camps de nomades, ou sur mer, ou dans les forêts. Ni non plus à la cour, dans les écoles, dans les abbayes. Elle est née du sillon, chez les métayers. Quand l’alouette n’en peut plus de chanter, dans les hauts courants de l’air, elle se laisse tomber comme une pierre entre deux mottes, pour retrouver là des forces et un élan nouveau. Villon, Rabelais, La Fontaine, une sorte d’épine dorsale, que ne leur doit-on pas ?


« La question aujourd’hui serait de savoir si l’on parlera chrétien, hardiment et rondement, ou baragouin, à la livresque. Les patois sont le véritable conservatoire de la langue ».