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Page:Potvin - Le Français, 1925.djvu/169

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LE FRANÇAIS

détache devant lui sur le fond du pré blond ensoleille sa rêverie. Une chaude bouffée d’amour lui monte au cœur et il fut reconnaissant à la jeune fille d’être venue à lui en ce moment de languide mélancolie ; en une seconde il l’aima plus qu’il ne l’avait jamais aimée, même ce soir doré où elle lui avait ouvert son cœur et où un premier baiser les avait presque fiancés.

« C’est un rossignol ? » demanda Marguerite, levant sa jolie tête vers la cime du bouleau.

— Non, c’est plutôt un chardonneret, je crois, répondit le jeune homme.

Un léger bruit d’ailes battit dans la feuillée et, en effet, un chardonneret, voletant, une seconde, autour de l’arbre, vint se percher sur une branche plus basse où il montra sa petite tête brillant au soleil comme un fruit du senellier.

Marguerite proposa à Léon de visiter le « domaine » en attendant le dîner. Tous deux partirent, suivant la lisière du bois qui entourait la prairie. La lisière les conduisit jusqu’à la pente opposée de la coulée d’où dégringolaient des arbres de toutes les essences. Le beau spectacle que cette colline de troncs populeux aux branchages à demi roussis, aux feuillages d’arc-en-ciel et qui dégoulinaient vers le fonds de la combe ! De ce côté-là, le pré était bordé de cerisiers, et l’on était en pleine saison des cerises à grappes. Cheminant le long du bois, les deux jeunes gens s’amusaient à tout et de tout. Le jeune homme cueillait de grandes brassées de marguerites jaunes, de fleurs de chicorée sauvage et d’une sorte de renoncules à corolles dorées