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LE FRANÇAIS

ainsi que Léon Lambert. L’on commentait le dernier pique-nique en même temps que l’on organisait le programme des amusements de la saison d’hiver. Le premier article était la prochaine veillée de la Sainte-Catherine et Jacques Duval avait annoncé, à la grande joie de tous, qu’il ne partirait pour les chantiers qu’à la fin du mois, ce qui voulait dire après la fête des vieilles filles. Il annonça également qu’il avait appris plusieurs nouvelles chansons comiques épatantes. D’un commun accord, il fut décidé que cette veillée se ferait au village, chez Camille Gagnon dont les trois filles et les six garçons savaient si bien s’amuser et où il y avait un harmonium et un phonographe. La maison de Camille Gagnon était, d’ailleurs, depuis longtemps, le rendez-vous de toute la jeunesse de Ville-Marie. Jacques Duval y était comme chez lui et c’est là qu’il maintenait haut sa réputation de coq de la paroisse. Chez Camille Gagnon on se l’arrachait. Les annales sociales de la paroisse relataient de fameuses veillées dans cette maison hospitalière, en particulier, aux Fêtes, aux Jours Gras, à la Sainte-Catherine. De plus, madame Gagnon avait une réputation de faiseuse de tire peu ordinaire et le père Moïse Gagnon, alerte octogénaire qui vivait chez son fils Camille, à qui il s’était donné « en son vivant », était un « conteur de contes » que l’on venait entendre de très loin. Il y avait même une époque dans la vie du grand-père Gagnon où, dans les chantiers, on le faisait voyager de campe en campe pour conter des contes aux hommes. Certains jours, on allait le chercher à dix milles de distance…