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Page:Potvin - Le Français, 1925.djvu/287

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LE FRANÇAIS

m’empêchait pas d’aller passer les Fêtes à la maison !…

— T’as raison, Duval, fit Charles Castonguay en lançant avec un grand bruit flasque un dernier quartier de viande sur un plat déjà rempli… M’vois-tu, à Montréal, avec la p’tite, à soir ?… La messe de minuit à Notre-Dame, s’il vous plaît !… et puis, après le réveillon dans un restaurant d’là rue Sainte-Catherine, mon vieux… Hum, hein ? c’qu’on s’mouche pas avec des éplures d’oignons !… C’est comme l’année dernière, non, mais c’qu’on s’en était donné ! tu t’imagines pas… La nuit blanche, quoi !… Après le réveillon : des anchois, mon vieux, d’là dinde, d’là crème à la glace aux amandes et du plum pudding qu’on a grillé devant nous autres avec d’l’alcool, écoute !… Après le réveillon, v’là-ti pas qu’il nous a pris envie d’aller faire un tour de voiture su la Montagne…. Quel « time », mon vieux, quel « time » !…

Les yeux de Jacques Duval brillèrent. Après un temps et avec un geste de dégoût :

« Et dire qu’on va passer Noël, le Jour de l’An, les Rois, toutes les fêtes, renfermés dans l’bois ! Ah ! « badluck » de « badluck » !… C’est vrai qu’à Ville-Marie, les Fêtes, le réveillon, la messe de minuit, c’est pas comme à Montréal, va, Charlie ; mais on s’amuse quand même, on a des veillées, on danse, on chante, on rit…

— Ta ! ta ! ta ! fit le père Phydime, qui bourrait le poêle d’une énorme bûche de bouleau dont les ribambelles d’écorce blanche à demi détachées du bois flambaient avant même que la bûche ne fut posée sur le