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Page:Potvin - Le Français, 1925.djvu/289

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LE FRANÇAIS

âcre odeur de moisi et de vieille viande… Penché en arc, les yeux clignotants, le père Phydime, adoucissant sa voix, avait appelé : « mine ! mine ! mine !… » Aussitôt, un énorme matou jaune s’était élancé. Le chat, d’abord, avec une frénésie gloutonne, happa tout ce qu’il rencontrait sur le plancher sanglant, puis, la première émotion de liberté passée, s’accroupissant au bord d’une flaque de sang, les pattes moelleuses et le dos rond, les yeux mi-clos, il se mit à lécher, lécher, claquant le petit bout de sa langue rugueuse et rose…

« C’pauv’ Rond-Rond, y faut ben qu’i s’régale un brin, lui itou », fit, paternel, le père Phydime donnant une petite tape amicale sur le dos de l’animal. Et, aussitôt après, se redressant :

« Bon, asteur, les enfants, c’est pas tout ci tout ça, on a encore ben des choses à faire, vous savez !… D’abord, vous allez nettoyer l’campe net comme la main pendant qu’j’m’en vas commencer ma mangeaille. Ensuite de d’ça, vous allez aller chercher des brassées de branches de sapin tant qu’vous pourrez en apporter. En faut, vous savez !… Mais avant, i faut nettoyer ça pour la « minnuit », ben net, comme su la Gatineau… Ah ! qu’c’était beau, quand j’y pense !… vous savez, rien manquait. Un autel, mes p’tits, comme y en a pas à votre Notre-Dame, comme vous dites… Avec d’là mousse verte, au-dessus d’l’autel, on avait écrit avec des lettres longues comme ça, NOËL. Et c’qu’j’vous en avais « pitché » un d’réveillon, mes p’tits amis… Dans c’temps-là, il était v’nu une vraie désolation de perdrix blanches, dans l’bois,