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LE FRANÇAIS

côtes de la baie présentent mille aspects offrant tantôt des saillies granitiques brusques, où seules les fortes essences sont parvenues, par un effort commun, à percer la croûte schisteuse qui pèse sur elles, tantôt des plateaux à pentes douces noués les uns aux autres par des chaînes de rocailles et où, par talles serrées et épaisses, boivent la lumière, le guéret, la fougère, la molène commune, la frigoule, les marguerites blanches et les boutons d’or, toutes fleurettes, jaunes et bleues et rouges, qui, joyeuses, font oublier les rudes aspérités d’à côté en répandant autour d’elles sur ces amoncellements la gaîté, la grâce, la poésie… Certains plateaux sont à demi défrichés et l’on y voit des fragments de culture à côté de petites savanes touffues de broussailles et parsemées de roches micacées que le soleil, de temps en temps, allume et fait briller ainsi que de gigantesques diamants.

Ce sol du Témiscamingue est veiné de filons d’argent dont l’exploitation a fait surgir en quelques années, de l’autre côté du lac, en terre ontarienne, des petites villes industrielles qui eurent des jours de grande prospérité et de popularité quasi universelle…

Or, il y a une vingtaine d’années, un riche industriel de Montréal, Monsieur Larivé, — le seul nom par lequel on le désignait dans tout le pays — s’en vînt au Témiscamingue, attiré surtout par l’« auri sacra fames » dont tout le pays exhalait l’odeur. M. Larivé ne réussit pas dans l’exploitation d’une mine d’argent que ses « prospecteurs » avait découverte du côté sud du lac. Il tourna ses yeux vers l’autre versant, celui