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LE FRANÇAIS

de Québec. Il trouva ce pays si riche en terre fertile qu’il résolut d’y faire de la haute culture croyant, non sans raison, que cette terre outaouaise serait pour lui plus prodigue de céréales et de foin qu’elle ne l’avait été de lingots d’argent. Il acheta un lot dans le rang Quatre de Ville-Marie et construisit une sorte de villa sur la colline, à quelques arpents seulement du trécarré de la terre de Jean-Baptiste Morel. Une couple d’années après, à la suite d’un « krack » qui ruina son commerce de Montréal, M. Larivé vînt se fixer définitivement au Témiscamingue. Il décida d’employer le reste de sa fortune à agrandir son nouveau domaine. Il acheta plusieurs lots qui aboutaient ou jouxtaient le sien et qu’il faisait défricher à grands renforts d’engagés. Il devînt bientôt le plus grand propriétaire du pays. Commerçant expérimenté et ambitieux, il ne cessait d’acquérir pour agrandir davantage ses terres. Un moment, l’on eut dit qu’il voulait acheter tout le Rang dont les lots ne formeraient plus qu’une immense ferme. Il n’avait plus, en effet, qu’à devenir propriétaire du lot de Jean-Baptiste, Morel pour être maître ensuite, croyait-il, de tous les autres qui s’étendaient de l’autre côté de la ferme Morel.

Mais Jean-Baptiste Morel résistait avec opiniâtreté à toutes les offres alléchantes que lui faisait M. Larivé. Ni pour or ni pour argent, déclarait-il à tout instant, il ne voulait céder la terre que son père avait défrichée aux tout premiers jours du Témiscamingue et qu’il avait cultivée lui-même depuis qu’il était enfant. Cette résistance contrariait vivement M. Larivé qui, chaque