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LE FRANÇAIS

même tenir à la besogne. Il savait que la main d’œuvre agraire était rare et coûteuse. Un jour, Jean-Baptiste Morel lui avait dit, lors d’une autre rencontre, qu’il comptait, pour continuer la culture de sa terre, seulement sur le gendre que Marguerite lui donnerait en se mariant et qui devait être dans son esprit, le fils d’un cultivateur de la paroisse qui continuerait ainsi l’exploitation du bien paternel ; mais toutes ces conditions futures rendaient, chez M. Larivé, ce côté de la question plutôt problématique. Il attendrait donc.

Mais M. Larivé comptait sans la Providence qui semble souvent cruelle mais qui se montre aussi, parfois, bien plus que rarement assez avisée. Cette fois, elle allait rendre bien moins certaine qu’il ne l’avait pensé la victoire que se promettait le propriétaire dans sa lutte avec l’irréductible Jean-Baptiste Morel…

Ce dernier, pendant longtemps, ne se rendit pas compte lui-même des conséquences de l’événement considérable qui survînt tout à coup dans sa vie monotone et qui allait en changer la face selon les prévisions de ses plus chers désirs. Il se trouva même qu’en dehors de sa volonté, il se mit à lutter contre ses propres intérêts, contre l’avenir de sa terre qu’il avait tant à cœur, contre l’âme de sa maison qu’il voulait si ardemment garder.

L’événement fit sensation dans toute la paroisse.


Même les paroisses relativement nouvelles de colonisation en pays québécois se déboisent avec une rapidité consolante, il est vrai, pour l’agriculture en