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LE FRANÇAIS

Et la figure du Français devint soudain tout réjouie.

« J’ai remarqué votre force, votre courage, votre habileté, votre belle humeur même dans nos plus ennuyeuses besognes et, aujourd’hui, j’admire votre ambition. Je sais qu’on aurait dû vous prendre dans la corvée, et je le dirai à mon père…  »

Le Français garda pendant quelques instants le silence. Il regarda longuement Marguerite et se prit en plusieurs fois pour lui faire une demande. Enfin, il hasarda :

« Mademoiselle Marguerite, que ferait votre père et que diriez-vous si, dès l’instant, je prenais part à la corvée et… si j’arrivais premier ?… »

— Oh ! si vous faisiez cela, monsieur Léon, s’écria la jeune fille, la figure rouge de plaisir.

— Mademoiselle Marguerite, je vous jure que je serai, ce soir, le premier à abattre le dernier andain de la Prairie du Ruisseau…

Hésitant plus que jamais, rougissant à son tour, Léon demanda : « Jacques Duval prend part à la corvée ?… »

— Oui, répondit en souriant Marguerite, mais je suis sûre qu’il n’arrivera pas le premier. Je le connais ; il est venu pour la soirée surtout. Les foins, pas plus que les semences ne sont le fort de Jacques qui ne pense qu’à la ville. En tout cas, monsieur Léon, prouvez-lui que vous êtes meilleur faucheur que lui.

« Ce ne doit pas être difficile ».