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LE « MEMBRE »

des Travaux Publics et un populaire échevin de Montréal. L’échevin ingurgitait rasade sur rasade, et à chacune d’elle il élevait d’un ton la conversation. On parlait politique fédérale.

« Il est sûr, disait le ministre, qu’un remaniement complet du ministère sera annoncé, dans quelques jours, à Ottawa. »

— Et qui mettra-t-on à la place des ministres qui vont partir ? demanda l’échevin.

— Parbleu ! des médiocrités. Cela satisfait toujours les partis.

— Et même le pays, compléta l’échevin qui ne manquait pas d’intelligence et qui, pour le moment, en était rendu au fa dièze… À mon sens, ajouta-t-il, la prospérité sociale ne saurait être mieux assurée que par le gouvernement des médiocrités.

Le ministre des Travaux Publics ne broncha pas sous le coup de fouet inconscient mais direct de l’échevin … Il chercha toutefois à détourner la conversation et hasarda une opinion sur l’intervention probable du gouvernement de Washington dans les affaires passablement embrouillées du Mexique.

Donat Mansot avait commandé un second « sherry whisky » et Lamirande, cette fois, hasarda un « scotch » sec…

Un garçon vint dire au ministre de l’Agriculture que quelqu’un l’attendait dans le couloir. Le Premier se trouvant seul se leva pour quitter la salle.

Allons, fit Lamirande, c’est le temps de prendre le taureau par les cornes.