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LE « MEMBRE »

« Splendide réception… bien réussie… n’est-ce pas Monsieur le Premier Ministre ?…

— Hum !… Oui… Et qu’est-ce que je puis faire pour vous, Monsieur Lamirande ?… et pour vous, Monsieur Mansot ?…

Un lourd silence, pendant une minute, plana dans ce coin de salle, entre les deux hommes. Assurément, le taureau ne se laisserait pas facilement prendre par les cornes comme l’avait souhaité le téméraire avocat.

Ce fut ce dernier qui, une fois encore, rompit le pénible silence.

— Monsieur le Premier, dit-il, je suis avocat, et je viens me faire, ce soir, auprès de vous, celui de mon ami Mansot.

— C’est une mauvaise cause ? demanda le premier ministre.

— Franchement… oui… mauvaise.

— Monsieur Lamirande, je doute alors de votre succès… Je préfère vous l’avouer immédiatement… Votre client a un casier judiciaire.

— Un casier judiciaire ?… murmura Octave, consterné.

— Monsieur le Premier, hasarda timidement Mansot, également bouleversé, veuillez vous expliquer.

— Oui, un casier judiciaire… du moins à mes yeux… Vous me faites son juge, monsieur Lamirande, je puis donc être préjugé… Enfin, de quoi s’agit-il ?

— D’abord, de l’article du « Dominion »…

La figure du premier devint sombre comme une nuit d’orage.

— Et après ?…