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LE « MEMBRE »

célèbre baleine de la Mer Indienne dont parle Pline et qui était longue de 900 pieds… ni de celle des contes des « Mille et une nuits » que Sinbhad le Marin prit pour une île sur laquelle lui et ses compagnons descendirent…

— Et parlons donc de la sardine du Marseillais qui obstruait l’entrée du port de la Joliette, ajouta le financier Sharp, qui avait des lettres… Mais soyons sérieux, messieurs, puisqu’il s’agit d’une affaire sérieuse.

John C. Sharp était un homme dont la cinquantaine avait un peu dégarni le crâne. Bonne boule, au demeurant, air relativement respectable : bref ! l’air du commanditaire américain. Les yeux noirs paraissaient assez bienveillants mais ils prenaient de temps à autre une expression sardonique ; ses lèvres pincées indiquaient la finesse ; ajoutons comme une sorte de bonhomie que lui donnait un certain embonpoint.

Ewart Hall était le directeur d’une grande compagnie de « macadam » et il passait pour posséder une très respectable fortune acquise comme celle de Sharp, dans l’agiotage sous toutes ses formes.

Quant à Harold D. Stevenson, c’était tout simplement un fils à papa. Ce papa, décédé récemment, lui avait laissé un magot d’un réel embonpoint que ce jeune millionnaire en herbe rêvait de grossir grâce à de lucratives entreprises.

Hall et Stevenson avaient une confiance illimitée en Sharp qu’il considérait, non sans raison, comme le roi de la commandite. En effet, Sharp eût mis la