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LE « MEMBRE »

de sa production est écrasante ; enfin, elle se prête, parait-il, à toutes les préparations ; on en tire une riche farine et les ivrognes même n’auraient rien à dire de sa prépondérance puisque l’on fait de son suc un alcool qui peut rendre des points au whisky le plus corsé…

Vous me suivez ? s’interrompit tout à coup John C. Sharp, en s’adressant à ses amis.

— Avec passion, répondit Ewart Hall. Pour ma part, je prévois même que vous allez en venir au projet d’implanter l’industrie de la banane…

— Aux États-Unis ? interrompit Stevenson, mais nous l’avons déjà dans le sud…

— Oui, mais, au Canada ? demanda, triomphant, M. Sharp, au Labrador ?…

— … ????… firent à la fois Hall et Stevenson.

— Parfaitement ! reprit Sharp, au Labrador… Et c’est là, en effet, que je voulais en venir, continua-t-il, sérieux comme un œuf dur. On a bien implanté le topinambour dans la province de Québec, pourquoi n’en ferions-nous pas autant pour la banane au Labrador Voici, du reste, le projet, que sans plus de préambule, j’ai l’honneur de vous soumettre.

« Il nous faut un capital d’un milliard de piastres pour faire du Labrador une nouvelle côte d’azur et introduire chez les peuplades de ces régions la culture de la banane, au besoin de la canne à sucre ou du caoutchouc… Pour cela, il ne s’agit naturellement que de transformer le climat, et rien de plus simple… »

« Vous prenez un cigare, M. Hall ?  » demanda le financier en présentant une boite de superbes havanes.