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XI

La chambre 999.[1]


La session durait depuis déjà trois semaines et l’on était en plein hiver.

Ce soir-là, une affreuse tempête ébranlait jusque dans ses fondements le vieux rocher de Québec. Durant tout le jour, la neige était tombée lentement, à flocons pressés et épais, couvrant tout d’un linceul immaculé. Les rues disparaissaient sous de perpétuels rideaux mouvants. Puis, toute cette neige était devenue subitement « boulante » et, sur le soir, le vent s’éleva, par « bouffées » d’abord, ensuite, par rafales prolongées qui n’annonçaient rien de bon. Quand la nuit tomba, ce fut la tempête dans toute son horreur… Tout disparut dans les tourbillons de la « poudrerie » ; durant de longues heures, la ville est enfouie, noyée dans des rafales incroyables, dans les halètements furieux de la tourmente. La circulation est arrêtée et

  1. On remarquera dans ce chapitre comme aussi dans le chapitre XII certaines analogies entre le dialogue et les questions et les réponses qui apparaissent au cours du Rapport du Comité d’Enquête de l’affaire Mousseau-Bérard-Bergevin. Le rapprochement est… frappant sans doute, mais, comme l’auteur l’explique, du reste, dans la préface, c’est ici que l’ « histoire » vient au secours du « roman ».