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le tour du saguenay

nous, des ravins, des gorges profondes, des entassements titanesques de blocs erratiques, des massifs qui surgissent tout à coup devant le regard. Au travers de tout cela, le chemin de fer accomplit des contorsions incroyables : il semble rivaliser d’astuce avec la jolie et fuyante rivière Batiscan qui nous suit pendant une grande partie du parcours. Elle court, glisse, échappe, se retourne, fuit, s’agite, rase dans sa course le pied des massifs : la voie ferrée et la rivière semblent jouer à cache-cache. La Batiscan disparaît tout à coup derrière un gros rocher… La reverrons-nous encore ? Tiens, la voilà qui montre un peu de son dos noir au pied d’un cap immense.

Puis, voilà, aux bords d’une rivière ou sur un escarpement, un petit campe de bois rond, — il est habité, quoi qu’on pense — ou bien une demi-douzaine de huttes qui ont, malgré tout, un petit air de civilisation : elles sont juchées çà et là, un peu au hasard, sur des reliefs de terrain et forment, le long de la voie, des groupements pittoresques et ingénieux. Que font les gens qui habitent ces masures, d’où viennent-ils, que veulent-ils ? La courte halte que fait le train au milieu d’eux ne nous permet pas de le savoir. Au reste, chacun doit avoir sa place sous le soleil du Bon Dieu.

La plupart de ces minuscules villages ont été formés autour d’un club de chasse ou de pêche. Car nous sommes, ici, dans le royaume de l’orignal, du caribou, de l’ours, de la perdrix et de la truite.

De Chambord à Saint-Raymond, à part ces maisons de clubs, peu de places notables, assurément. Au Lac-Bouchette, nous sortons, pour ainsi dire, du vestibule du Lac-Saint-Jean. C’est, ici, un lieu d’un pittoresque