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le tour du saguenay

Plus près de nous — temps et lieu — c’est en vain que l’on chercherait dans les œuvres de nos historiens des renseignements sur la gourgane et nous consulterions vainement les Relations des Jésuites, Smith, Parkman, le baron Masères, Christie, Watson, Ferland, Miles, Bibaud, Garneau, Faillon et Sulte.

La gourgane mériterait pourtant — surtout en ces temps de cherté de la vie — une réputation universelle. Elle n’est connue généralement, à vrai dire, qu’au Lac-Saint-Jean et au Saguenay où depuis nombre d’années on lui rend pleine justice en la mangeant, je ne dirai pas à toutes les sauces, mais en bonne soupe, ce qui est, au reste, sa destination naturelle, voulue par l’auteur de la Nature.

On cultive la gourgane dans quelques potagers des Cantons de l’Est, mais n’en déplaise aux descendants des anciens Loyalistes, qui se sont fixés dans ce coin de la province de Québec, ils donnent à la gourgane une destination que nous n’hésitons pas à qualifier de ridicule : après l’avoir fait griller, ils en font un café qu’ils appellent le café canadien, comme si ces fils des anciens United Empire Loyalists de la portion ouest du Canada voulaient prendre une sorte de plaisir à tourner en dérision jusques nos plus humides légumes…

Nous ajouterons que la gourgane, c’est la fève connue en France sous le nom de fève des marais. Mais, continuons notre route en pleines Laurentides maintenant.

C’est, tout le long de la route, un désordre inexprimable et magnifique de la nature, surtout quand on est parvenu au sommet de la majestueuse chaîne laurentienne. Partout, à droite, à gauche, devant, derrière