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le tour du saguenay

Et cumule le coursier dont le pied étincelle,
Dont la valeur bondit, quand son maître l’appelle
Et lui dit : Il est temps !
Le fleuve s’est cabré d’orgueil et de colère ;
Il a, ombrageux roi, senti dans sa crinière
Passer la main des vents !

Que ces flots indomptés, que ces vagues sont belles,
Quand l’ouragan conduit leurs escadrons rebelles
À l’écueil ruisselant !
J’aime les désespoirs de leurs vaines furies,
Et les charges sans fin de ces cavaleries
Aux aigrettes d’argent !

Et quand d’autres assauts suivent d’autres défaites,
Et qu’épuisés, vaincus, dociles aux tempêtes,
Ils s’élancent encor ;
Au sein de ces horreurs, au sein de la mêlée,
Partout, dans le miroir où la nuit étoilée
Compte son cher trésor,

Dans tes flots irrités, dans tes ondes sereines,
Sur le front de tes rocs, dans l’or de tes arènes,
Ô fleuve glorieux,
Je retrouve le nom qu’exalte l’étendue,
Et sur tes bords sacrés, ma jeune lyre, émue,
Vient célébrer les cieux.