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le tour du saguenay

est) passent proche de ce cap pour abréger chemin, à aller à Québec : car passant dehors la pointe de l’Islet de Cailloux (l’île aux Allouettes appelée encore îlet Blanc, et île-aux-Morts) vers l’eaue, il faudrait faire plus d’une lieuë et demy qui est le grand passage, où il y a de l’eaue assez pour quelque vaisseau que ce soit : Il se faut donner garde de l’Isle Rouge, où les marées changent. Ayant le temps clair et sans bruines, il n’y a point de danger en toute ceste pointe et autre bans de sables qui y sont attenans, asséché tout de basse mer où l’on trouve une quantité de coquillages, comme bregos, coques, moulles, hoursains, et force loches, qui sont sous les pierres en plusieurs endroits : cela va jusqu’à l’anse aux Basques, contenant prés de trois à quatre lieuës de circuit. Il s’y voit aussi une infinité de gibier en sa saison, tant oyseaux de rivière, et sarselles, que petites oyes, outardes, et entr’autres il y a un si grand nombre d’allouettes, courlieux, grives, begasses, beccasses, plusieurs et autres sortes de petits oyseaux, qu’il s’est veu des jours que trois ou quatre chasseurs en tuoient plus de trois cens douzaines, qui sont très grasses et delicates à manger. Pour aller à cette poincte aux Allouettes, il faut traverser le Sagenay, qui tient en son entrée un quart de lieuë de large.

Le 68e jour dudict mois, ils se vindrent cabanner audict port de Tadousac, où estoit nostre vaisseau. À la poincte du jour, leur dict grand Sagamo sortit de sa cabanne, allant autour de toutes les autres cabannes, en criant à haulte voix, qu’ils eussent à desloger pour aller à Tadousac, où estaient leurs bons amis. Tout aussy tost un chascun d’eux deffit sa cabanne en moins d’un rien, et ledict grand capitaine le premier commença à