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le tour du saguenay

ture le pensa aussi ; et au douzième des terres non concédées de la couronne, elle substitua une allocation pécuniaire, pour le soutien de l’Église anglicane en cette partie du Canada, comme elle a substitué, ici, une compensation “déterminée”, au casuel incertain que les seigneurs recevaient de leurs censitaires. Tout hostile que l’on puisse être au régime féodal, il ne faut pas oublier que, pour une jeune colonie, certains droits seigneuriaux avaient un avantage réel ; le droit de banalité, par exemple. Le seigneur seul, en règle générale, pouvait trouver les finances nécessaires pour bâtir le moulin pour les censitaires. »

Il ne serait peut-être pas hors de propos d’effleurer, pour ceux de nos lecteurs qui ne sont pas des hommes de loi, l’interminable série de ces privilèges, droits, profits et redevances que la féodalité, au moyen-âge, réclamait des malheureux serfs. Droits de quint, de retrait, de lods et ventes ; droits de corvée, de banalité, telles étaient quelques-unes des redevances seigneuriales chez notre peuple, chez qui il n’exista pourtant qu’un simulacre de la féodalité proprement dite. C’était autre chose en France, au quatorzième siècle, au rapport de Ducange, Brodeau, Laurière, Bouthors, Boërins.

Un de ces privilèges seigneuriaux avait son côté plaisant : savoir : le droit de grenouillage en France et en Allemagne. « Il y avait », dit Alloury, « à Roubaix, près Lille, une seigneurie du prince Soubise, où les vasseaux étaient obligés de venir à certains jours de l’année faire la moue, le visage tourné vers les fenêtres du château et de battre les fossés pour empêcher le bruit des grenouilles.

« Devant le château de Laxou, près Nancy, se trou-