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le tour du saguenay

vait un marais, que les pauvres gens devaient battre la nuit des noces du seigneur pour empêcher les grenouilles de coasser. » Quel délicat service !

Le géographe de la Wetteravie dit, en parlant de Frieinsenn : « Cette ville, prétendant à beaucoup de liberté, a donné bien à faire à la seigneurie. Les habitants assurent, en effet, que certain empereur avait passé la nuit dans leur village ; que le coassement des grenouilles ne lui permettant pas de s’endormir, les paysans s’étaient tous levés pour donner la chasse aux grenouilles et que l’empereur, en récompense, leur avait accordé la liberté. » Oh ! le paternel souverain !

« Il y avait encore », dit Michelet, « ce cruel abbé de Luxeuil qui, lorsqu’il séjournait dans sa seigneurie, peu content d’imposer silence aux grenouilles, contraignait les paysans à chanter :

Pâ, pâ, rainette, pâ (paix, paix, grenouille, paix)
Voici M. l’abbé, que Dieu gâ (garde) ! »

Veuillot explique ingénieusement ce plaisant droit de grenouillage. En 1857, il écrivit un livre fort éloquent, pour établir que Le droit du Seigneur, auquel nous donnons en Canada un tout autre nom, n’avait jamais existé au moyen-âge ; ce qui provoqua une réplique acerbe, allant à établir qu’il avait bien et dûment existé en France, en Angleterre, en Italie, en Allemagne, en Écosse. Nous n’en connaissons aucun exemple en Canada.

Ce n’était pas seulement en France, où régnait la bizarrerie dans les contrats entre le seigneur et le censitaire : il y avait nombre de manoirs et de terres en Angleterre dont la tenure était fort singulière. En voici des exemples qui intéresseront les touristes.