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Peter McLeod

besoin… Ce sont eux, tout le monde le sait, qui alimentent vos magasins de leurs plus riches pelleteries, et vous leur devez bien quelques poignées de farine avec une couenne de lard… N’empêche, Tommy Smith, que si la guerre est terminée entre nos hommes, une autre va commencer dont la Compagnie va assurément payer tous les frais… Nos sauvages meurent de faim, Goddam ! par la faute de vos blancs qui ont envahi leurs terrains de chasse avec des engins de mort qu’eux n’ont pas. Je dois donc vous dire que j’irai moi-même, au printemps, intercéder pour ces pauvres gens auprès du gouvernement du Canada…

Redevenant miel :

« Ainsi donc, ma chère petite Mary, indirectement si vous voulez, tu auras été la cause du grand acte de justice que rendra, j’en suis sûr, le grand Ononthio du pays, quand j’aurai eu l’honneur de lui faire connaître la situation qui existe dans les forêts du Nord. »

Et Peter McLeod, après ce petit discours mi-sucre, mi-fiel, débité avec une comique exaltation, ayant lampé au passage, un nouveau verre d’alcool, s’approcha galamment de Mary.

« Dites donc, vous autres… si nous dansions quelques petites “horn pipes”… une polka, comme vous voudrez… » et il enlaça aussitôt à pleins bras la taille ronde de la jeune fille qui rougit de plaisir…

« C’est ça… c’est ça, approuva, jovial, Tommy Smith… Betsie, vas chercher ton accordéon !… »

« Mais dans tout ça, où sont mes chiens, blasphè-