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Peter McLeod

un encrier fait d’un fond de bouteille et, à côté, une grosse plume de fer, un crayon de mine énorme, dit de charpentier.

Une petite fenêtre de deux vitres éclairait la misérable pièce et donnait sur le Saguenay. Par ces vitres, de l’autre côté de la rivière, on apercevait un paysage confus de montagnes.

Pour l’instant. Peter McLeod, maussade et rêveur, est appuyé à la fenêtre. Son esprit semble occupé à une circonspection tranquille et dégoûtée. Il contemple les montagnes au nord de la rivière, ses yeux fixent des sommets dont les coulées de neige scintillent dans le ciel bleu par dessus le vert sombre des résineux. Soudain, il se redresse d’un geste brusque et appelle :

« Joe !…

Un homme à tout faire : cuisinier, marmiton, plongeur, commissaire, qui vaquait au service des tables, apparut.

« Vas dire à Fred Dufour, au moulin, que je veux lui parler.

L’homme pirouetta sur ses talons et courut au moulin.

Cinq minutes plus tard, Fred Dufour était devant Peter McLeod.

« Bien, Fred, assieds-toi là ; j’ai à te dire deux mots. »

— Autant que vous voudrez, M. McLeod, répondit, quelque peu narquois, le boxeur improvisé de la veille.

Peter McLeod alla s’asseoir devant son coffre-pupitre. De l’intérieur de son chandail, il sortit une