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Peter McLeod

les rives du fleuve. Ils fondèrent le vieux comté de Charlevoix.

Mais en vrais défricheurs de la forêt, à la recherche de la terre argileuse qui faisait pousser le blé, il leur fallait aller toujours de l’avant. Eux partis pour le voyage dont on ne revient pas, leurs fils voulaient conquérir d’autres terres. Puis les petits-fils vinrent qui firent de même. Ils voulaient des terres où l’on continuerait de vivre exclusivement du sol et où se perpétueraient la liberté et l’indépendance qui trempent les caractères, gardent la fierté, élèvent l’esprit, fortifient les courages et ennoblissent les cœurs…

On le savait, on le disait : des Indiens et des chasseurs l’avaient rapporté… Au delà de la chaîne tumultueuse des pics qui enserrent la rivière Saguenay, une grande baie s’étendait, vaste comme une mer, entourée de généreuse forêts de pins qui s’élançaient droit vers le ciel et qui poussaient d’un sol riche de toutes les substances nutritives aux plantes.

Et les petits-fils de ceux qui étaient venus de France furent les découvreurs de ces terres plantureuses des bords de la Baie des Ha ! Ha !, qu’ils pensaient capables de nourrir toute la population de Charlevoix…

Mais il était venu, un peu auparavant, à l’assaut des pinèdes saguenayennes, des hommes de tout sac et de tout crin, rebuts pour un grand nombre des villes américaines et canadiennes, et que la rude et libre vie du nord québécois attirait pour mille raisons. Ceux-là s’établirent à proximité des scieries où se transformaient en planches et en madriers les pins innombrables des forêts saguenayennes, ou bien s’en allèrent