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Peter McLeod

— Et on va ?… À l’Anse-au-Cheval ?…

— Non, à la Baie.

— À pied, “boss” ?… interrogea, anxieusement, Toine Boudreau.

— Avec les chiens de Pit Tremblay.

— Vrai, Boss ?… j’aimerais encore mieux les canots de ma chasse-galerie…

— Il y a trop de neige pour les canots… Allons, pas de temps à perdre… Vas emprunter les chiens à Pit… Mange une bouchée et viens me rejoindre ici… Vas vite, Toine…

Toine Boudreau sortit sans demander plus d’explications. Peter McLeod, du reste, en fournissait rarement quand il donnait des ordres. Sitôt dehors, le froid enveloppa le pauvre Toine. Un air glacial, pénétrant, soufflait du Saguenay. La neige, sèche et dure, crissait sous les pieds. À cette heure de la nuit, le sol était jonché d’un crépuscule bleuâtre, sec, étrangement transparent. Le ciel était clair et rien ne voilait l’horizon. Ça et là encore, dans les profondeurs, quelques étoiles tremblotaient comme de froid. Pas âme qui vive dans tout le village.

Mais il y avait de la lumière déjà dans la petite maison de planches à Pit Tremblay, la dernière du bourg, de l’autre côté de la scierie. On eut dit que Pit attendait Toine. Celui-ci entendit les chiens grogner sous leur appentis. Il cria à la porte :

« Hé, là, Pit Tremblay, Peter McLeod veut engager tes chiens !…

Pit Tremblay sortit. Il était grand, sec, un peu courbé : la pipe à la bouche, un épais casque de peau