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Peter McLeod

d’ours sur la tête. Un lourd capot de même fourrure l’enveloppait. Pit Tremblay était peut-être le seul de la région à ne pas vivre sous la domination de Peter McLeod. Il faisait la traite des fourrures et était le plus souvent absent de Chicoutimi, toujours parti en longues randonnées à travers l’immense territoire saguenayen, du Labrador au grand lac Mistassini. Ces excursions l’avaient comme desséché. Il avait un teint de Montagnais et à force de faire face à la poudrerie des tempêtes nordiques, le visage pelé par endroits. Dans un de ses récents voyages sur la Côte Nord, il avait amené quatre magnifiques et féroces « huskies » qui étaient son orgueil.

« Et quoi’s qu’il veut ben faire avé mes chiens, Peter McLeod ? demanda-t-il.

— Ça, Pit, j’en sais rien de rien. Vas lui demander toi-même.

— De fait, j’vas y aller parce que, tu sais, mes chiens, j’veux pas les laisser entre ses mains ni entre les tiennes, ni dans celles de personne… C’est moé seulement qui les conduis, mes « huskies »…

— Comme tu voudras. Pit, t’expliqueras tout ça toi-même à Monsieur McLeod.

Dix minutes après, les chiens attelés au cométique étaient devant le magasin. Peter McLeod sortit, emmitouflé de fourrures.

« Et ousque vous voulez aller, M. McLeod, avé mes chiens ? demanda Pit Tremblay.

— C’est pas d’tes affaires, Pit… J’irai au diable si je veux.