Page:Potvin - Peter McLeod, 1937.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
63
Peter McLeod

l’allure modérée sur la glace du Saguenay. Un beau matin d’hiver. Pas de bruit dans sa sérénité. Seul ne troublaient le silence que les crissements doux des patins du traîneau et le craquement léger de la neige sous les pattes des chiens. Pit Tremblay parfois courait à côté de ses bêtes, mais pour se réchauffer plutôt que pour alléger ces dernières. Peter McLeod, dans ses fourrures, au fond du traîneau, somnolait. De chaque côté de la rivière, les cimes élancées des pins se découpaient de plus en plus nettement à mesure que s’enfuyait la nuit et que s’éteignaient les dernières étoiles auxquelles succéda bientôt la lumière pâle de l’aube suivie bientôt d’une rapide aurore…

Qu’allait faire, en effet, Peter McLeod à la Grand’-Baie où il arrivait vers les dix heures du matin ? Simplement pour contredire ses hommes. Il lui avait passé, la veille, après la veillée chez Jean Gauthier, une idée de derrière la tête, pour les épater mais aussi pour faire plaisir à Mary Gauthier. Il avait pensé d’aller lui-même chercher à la Baie, pour célébrer la messe de minuit à Chicoutimi, le missionnaire qu’il savait rendu là depuis quelques jours. En effet, l’abbé Descoigne, curé de la Baie Saint-Paul, était venu, cet hiver, à Saint-Alexis parmi les colons occupés là, à faire la pinière pour le compte de Monsieur Price.

Le clocher de fer blanc de la future paroisse de St-Alexis ne rayonnait pas encore au fond de la Baie, mais un petit peuple vivait là heureux autour d’une petite chapelle de fortune qui avait été construite en tout premier lieu pour ces colons. Peu après son arrivée, Peter McLeod se présentait au missionnaire. Il