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Puyjalon

Les petits eiders pourront donc éclore sur l’édredon paternel dont les barbes rudes leur piqueront le derrière. Cette éducation virile en fera d’ailleurs des canards très durs, et l’année suivante, ils collaboreront à leur tour avec les chasseurs d’édredon ».

Nous ignorons si nos chasseurs de canards eiders sur la Côte Nord du Saint-Laurent procèdent de la même façon que les chasseurs du Spitzberg, mais il faut croire qu’il faille une certaine technique pour ce délicat travail qui n’aurait qu’une apparente facilité ; et le défaut d’expérience aurait même bien pu retarder les progrès de cette petite industrie dans cette partie de notre province où les moniacs pullulaient autrefois autant qu’au Spitzberg dont toute la population vit, pour ainsi dire, de l’édredon. Pourquoi n’en serait-il pas ainsi au Labrador Canadien ? Pourquoi ? À cause de l’impuissance des lois. Et qu’on nous permette de citer encore à ce sujet une suggestion d’Henry de Puyjalon :

« Pourquoi » demandait-il, « ne pas avoir loué ou vendu à des personnes désireuses de se livrer à l’industrie des plumes et des duvets certaines étendues du littoral fréquenté par les eiders ? L’intérêt des exploitants eut été, il me semble, un sûr garant de la conservation de cet oiseau précieux, et son accroissement, le but de tous leurs efforts ; cet accroissement constituant d’une manière évidente le gage le plus complet d’une augmentation de revenus… Si la pensée que je viens d’exprimer était assez fertile pour être jugée un jour digne d’application, il serait, je crois, très opportun d’éviter les deux seuls dangers qu’elle présente ; le trop grand fractionnement des îlots et leur trop grande étendue ».