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Puyjalon

notre intérêt, de tous les efforts de notre industrie.

« Puyjalon qui s’occupe depuis vingt ans de ces terres originales, nous le disait bien, et cependant nous ne voulions pas le croire ! mais voici que les Anglais sont de son avis, puisque l’expédition de Lorre dans l’intérieur de ce pays inexploré est en voie d’exécution, et que ce cher ami, muni également d’instructions spéciales pour l’examen de la côte du même territoire, après avoir passé pour le plus monumental des menteurs, va devenir le prototype de la sincérité.

« Pauvre Puyjalon ! Vingt années pour être cru !

« Donc, il part avec une mission sérieuse, une mission due à ses efforts, à son travail, à son endurance.

« Pour moi je me suis félicité du choix de l’autorité intelligente qui a su employer un pareil instrument. Je me suis délecté à l’avance des récits qu’il ne pourra se dispenser de nous faire à son retour et je suis certain que notre pays ne pourra que retirer grand profit des études et des faits nouveaux qu’il nous révèlera. »

Et Léon Ledieu continuait :

« J’ai entrevu ce pays du Labrador, pays rude, rocheux, inculte, froid, sans ressources apparentes, mais une des contrées les plus riches peut-être de notre province, si un découvreur nous en signalait les ressources.

« Point n’est besoin d’être un génie pour cela ; mais il faut avoir cette science d’observation qui fait les hommes utiles d’un pays.

« Et puis quand je dis qu’il n’est point besoin d’être un homme de génie, j’ai tort ; l’homme de génie est celui qui voit et dit quelque chose de nouveau, qui fait du bien à l’humanité. Le Labrador a été découvert depuis des siècles, personne n’en a encore vu les ressources.

« Puyjalon va-t-il les voir et nous les signaler ?

« Je le crois ».