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Puyjalon

plus de cinquante ans la vie bienfaisante de Napoléon Comeau, né aux Îlets-Jérémie, — Côte Nord. — en 1846 et décédé à Godbout en 1923. Il était donc âgé de 77 ans. C’est-à-dire que cette « terre que Dieu donna à Caïn » ne devait pas être aussi meurtrière que Jacques Cartier l’avait cru de prime abord.

Nous aimons à profiter de l’occasion qui nous est offerte pour faire connaître sur cette vie quelques détails que l’on ignore à peu près totalement et qui n’ont pas été publiés quand on a inauguré sa stèle à Godbout.

C’est à onze ans, à l’âge où nous nous occupons de soldats de plomb et de toupies, que Comeau a débuté dans la vie d’une manière officielle alors qu’il fut nommé gardien de la rivière Godbout par le propriétaire de ce cours d’eau, le Révérend William Hagar Adamson, chapelain de l’Assemblée Législative : c’est là que le jeune gardien passait tout l’été, seul, avec un chien. L’hiver, il allait chez son père à la Baie Trinité. Mais il n’y alla pas très longtemps puisque à l’âge de seize ans, il partit un beau matin de septembre, avec son frère plus jeune que lui, pour chasser dans les bois et qu’il ne revint que le 4 juin de l’année suivante. Tous deux rapportaient pour une valeur de 500,00 $ de fourrures. Il mena cette vie de chasseur et de pêcheur pendant douze années, s’enfonçant dans l’intérieur des forêts du nord, liant des relations avec les Montagnais et les Naskapis et apprenant à étudier la nature, les mœurs des oiseaux et des fauves, tout en gagnant bien sa vie, car il fut un tireur de première force et toute bête visée par lui était infailliblement morte. Un jour, il se dé-