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Puyjalon

— Heureusement que le loup marin a pas mal réussi. Mais là encore, je vous assure que ç’a bien baissé. Oh ! on n’est plus aux beaux jours de 1889, par exemple, où on prenait, j’vous mens pas, 12,000 bêtes, qu’on vendait l’huile 80 cents le gallon, les grandes peaux, 1.50 $, et les petites, 0.75 $. Il y avait de l’argent à faire en ce temps-là, M. Puyjalon… Au jour d’aujourd’hui, cher monsieur, quand on vend not’ huile 30 cents le gallon, comment voulez-vous qu’on fasse même nos frais de goélette ?… Autrefois, un homme gagnait au loup marin 400.00 $ et même plus, et aujourd’hui quand il a fait 150.00 $, c’est beau… Ce printemps, ç’a été meilleur heureusement car autrement, cet automne, il faudrait encore demander du secours au gouvernement.

M. Vigneau, vous vous rappelez, sans doute, car vous étiez ici, votre flotte de la Pointe qui a rapporté, une année, en loups marins la somme de 72,000 $ ?

— Ah ! oui, j’m’en rappelle, allez ; c’était en 1870 et les voyages s’étaient faits alors plus de bonne heure, comme ceux de la morue et du hareng, j’m’en rappelle !… Je vous renseignerais mieux à la maison si vous vouliez venir ; on verrait ce que j’ai noté dans mon journal au sujet de la morue et de l’huile pour cette année-là…

— En effet, je n’étais pas encore au pays, mais j’ai entendu dire depuis que cette année de 1870 avait été exceptionnelle et que jamais, ni avant, ni après, la pêche n’a été aussi productive sur la côte. Et alors, cette année, la morue ?…