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Puyjalon

À ce sujet, nous lisons ce qui suit dans le beau livre de Stanislas Fumet publié en 1935 chez Desclés de Brower & Cie, — p.84 :

« Cette année-là, Léon Bloy est endeuillé par la mort de sa mère, suivie à un léger intervalle de celle de son père, qui eut lieu, comme Léon Bloy le calculera pour en éprouver une sainte horreur, dans un instant où lui-même se livrait à ses amours. Pour les pleurer tranquillement et se guérir, il va essayer d’une première retraite à la Grande-Trappe. Il y reste une semaine et rentre à Paris, où de nouvelles difficultés surgissent dans leur existence. La jeune femme qui s’était remise à son métier de couturière afin de gagner son pain est à présent menacée de cécité. Elle doit suspendre ses travaux d’aiguille. Bloy, qui n’a pour vivre que ses appointements, doit faire face à des charges bien lourdes. Il veut aider Anne-Marie qui s’est endettée et fait pour elle tout ce qu’un homme peut faire. Ils ont double loyer, le budget du jeune homme n’y suffit pas. Il se décourage et profite un beau matin de la première chimère qui passe pour l’enfourcher. Et voici sous quelle forme : un M. de Puyjalon fait miroiter aux yeux de Léon Bloy la fondation imminente d’un journal catholique à Québec. Léon Bloy partirait avec ce Puyjalon et serait sans doute le rédacteur en chef de la feuille canadienne. Avec une témérité que tous devaient longtemps critiquer par la suite, il envoie sa démission à la Compagnie du Nord, perd ainsi les quelques ressources régulières qui le faisaient subsister et, sans prendre congé d’Anne-Marie, fuit une seconde fois vers la Trappe, non pas dans l’intention d’y devenir moine — il ne se sentit jamais une réelle vocation religieuse, — mais pour y attendre, dans la prière et la solitude, les résultats des démarches de M. de Puyjalon. Il a laissé un peu d’argent à la pauvre fille éplo-