Page:Potvin - Puyjalon, le solitaire de l'Île-à-la-Chasse, 1938.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
47
Puyjalon

rée ; de la Trappe il lui écrit bientôt et là, instruit sur ses vrais sentiments par le P. Roger, ne tarde pas à constater qu’il est amoureux d’Anne-Marie, qu’elle est presque alors toute sa pensée et que leur situation est inextricable. »[1]

Le comte Henry de Puyjalon n’était, on vient de le voir, ni un aventurier, ni un miséreux, ni un de ces « Hobos » de Vels Anderson qui traînent de pays en pays leur resquilleuse existence.

Il arriva au Canada en 1872 et se fixa tout d’abord à Montréal. Il semble qu’alors il lui restait quelques parcelles de la fortune de sa famille. Mais l’argent ne pesait pas aux doigts de cet aristocrate, de ce gentilhomme de roche. Avant son arrivée au Canada, il avait mené à grands guides, à Paris, la vie des nobles de France à qui il reste encore ce que l’on appelle de « l’argent de famille » : c’est du moins le témoignage de quelques-uns de ses amis canadiens. Léon Blumhart, Joseph Marmette, qui le connurent dans la Ville-Lumière au temps de sa splendeur. Il continua cette vie à Montréal et à Québec encore que sur une plus petite échelle. Le charme qui émanait de toute sa personne, son esprit, la vivacité de ses reparties, sa sagesse, moitié

  1. Si Henry de Puyjalon n’a pas réussi à faire venir à Québec le sympathique « entrepreneur de démolitions » que fut Léon Bloy, il a pu induire le « Roi du chocolat », Henri Ménier, à venir dans notre province, où, sur une première et colorée peinture que lui fit M. de Puyjalon, il acheta l’Île d’Anticosti dont il fut possesseur de 1895 — 16 décembre, — jusqu’au 11 juillet 1926 alors que le sénateur Gaston Ménier, frère d’Henri, vendit pour la somme de 6,500,000 $ l’île qu’Henri Ménier avait payée 125,000 $, de la « Governor and Company of the Island of Anticosti ».