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Puyjalon

expérience, moitié indulgence, faisaient de lui un brillant causeur et lui conquirent de nombreux amis dans la plus haute classe de la société québécoise.

Dans la mauvaise comme dans la bonne fortune, le comte de Puyjalon sut toujours conserver ses aimables qualités de fin causeur, l’esprit sans cesse rempli d’aperçus nouveaux et originaux. Généralement grave et rêveur, il savait adroitement se faufiler dans les méandres de sa claire intelligence de façon à ne pas importuner, par des sautes d’humeur parfois brusques, ceux avec lesquels il était en contact. Il avait tout du misanthrope — et les dernières années de sa vie le prouvent assez, — mais il savait être un misanthrope gai, à la manière de Chamfort. Il était habituellement silencieux ; mais dès qu’on lui présentait un sujet qui l’intéressait, comme la chasse ou la pêche, alors il s’animait : il parlait lentement d’abord puis avec chaleur, toujours avec simplicité et sincérité. Très discret, peu expansif, même à ses amis les plus intimes, il ne laissa jamais rien transpirer de ses années de jeunesse. On n’a donc que peu ou même pas du tout de détails sur cette première partie de sa vie qu’on peut croire toutefois plus heureuse que la dernière, encore que le bonheur, chose relative, chez des tempéraments de cette trempe soit parfois fort capricieux au point qu’en réalité, il pourrait être permis de supposer que les dernières années de Puyjalon furent pour lui les meilleures de sa vie.

À sa mort, en 1905, un ami qui l’avait sans doute très intimement connu disait de lui dans un article publié dans la Presse du 28 août 1905 :