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Puyjalon

Sauvage, aride, désolée, inhospitalière, telles sont les épithètes dont on s’est à peu près toujours servi pour désigner cette région de la province.

Les mérite-t-elle ? Pour répondre à cette question, il y aurait à faire toute une étude de physiologie naturelle. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas d’exagération à dire que l’injuste répartition de préjugés qui a pesé sur la Côte Nord du Saint-Laurent est un peu, beaucoup la faute des compagnies de chasse et de pêche qui avaient intérêt à ne pas livrer ce territoire à l’industrie et à la civilisation.

Mais, grâce à Dieu, tout a changé. Cette région calomniée et méconnue offre maintenant à l’activité canadienne un vaste champ industriel et commercial. Elle n’est pas encore, il est vrai, reconnue comme un Eldorado, mais elle n’est plus, tant s’en faut, comme on se plaisait à le dire naguère encore, l’abomination de la désolation.

Et si nous connaissons aujourd’hui sous cet aspect plus riant notre Côte Nord du Saint-Laurent, Henry de Puyjalon y a été pour beaucoup.

Il fut un temps où aller sur la Côte Nord du Saint-Laurent était un voyage auquel on pensait longtemps d’avance. Ne l’entreprenait pas, d’ailleurs, qui voulait, et quand un privilégié du sort trouvait l’occasion d’une randonnée dans ce lointain pays, on le regardait avec autant d’admiration que le voyageur qui part, aujourd’hui, pour l’Afrique Équatoriale ou les Îles Fidji. Il partait et, pendant des mois, on n’en entendait plus parler. Il était comme mort au monde. Il n’avait pas même la ressource moderne du suprême plaisir d’a-