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Puyjalon

dresser des cartes postales illustrées à ses parents et à ses amis. On disait de lui avec des gestes qui exprimaient à la fois la terreur et l’admiration : « Il est allé au Labrador ». Et, en entendant ce dernier nom, on frissonnait. Puis, quand, enfin, le voyageur revenait, le front auréolé de la gloire des grands explorateurs, s’il avait un peu de lettres, il écrivait aussitôt un volume d’impressions de voyage ni plus ni moins que s’il avait fait le tour du monde.

Et c’est ainsi que nos bibliothèques ont un bon rayon d’ouvrages de littérature labradorienne. Nous pourrions citer, de mémoire, toute une série de ces récits. C’est une littérature instructive, passionnante de lecture à cause des aventures racontées et des faits historiques évoqués. Car, que de misères, que d’émouvantes péripéties, que d’anecdotes dans un voyage sur la côte nord d’autrefois : la côte nord d’il y a, disons, trente ans.

Mais tout cela est du passé. Dans notre siècle de « bougeotte », les morts, les diligences, les chars urbains, même les vieilles goélettes sur lesquelles on se rendait au Labrador, vont vite dans l’esprit des vivants, presque tous, aujourd’hui, propriétaires d’automobiles. Bref, un voyage sur la côte nord du Saint-Laurent et au Labrador canadien est aussi facile de nos jours qu’une randonnée dans nos campagnes du bas de Québec, et on pourrait même l’entreprendre pour une cure de repos.

D’ailleurs, la Côte Nord, en réalité, n’a rien du tout à voir avec les campements d’Esquimaux, ni avec les défilés d’abrupts rochers au fond desquels il semble que