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Puyjalon

Montagnais comme réserve. Et ces sauvages s’en sont permis de toute nature dans la famille des salmonidés. Durant la première année de l’occupation de leur réserve, on vit des indiens revenir d’une nuit de pêche portant en un seul canot de cinquante à soixante gigantesques saumons. Aussi, en quelques années, à la suite de ces hécatombes, la production du saumon dans cette rivière a baissé de quatre-vingt-dix mille livres à vingt mille.

Et on pourrait dire, sans la moindre exagération, qu’il en fut ainsi sur la côte sud comme sur la côte nord, dans toutes nos rivières à saumons. Du côté sud, les rivières du Bic, du Cap Chatte, la Matane, la Sainte-Anne-des-Monts, la Madeleine, le Grand et le Petit Pabos, la Port-Daniel et toutes les autres se dépeuplent d’année en année. Des pêches excessives au harpon et au filet anéantissent le poisson dans toutes ces rivières que nous venons de nommer comme dans la Cascapédia dont une partie seulement rapportait, naguère, 12,000 $ par année au gouvernement, seulement pour les droits de pêche ; comme dans la Ristigouche dont certains étangs à saumons se sont déjà vendus pour la somme de 30,000 $ chacun.

Et voilà comment nous assistons, tranquilles et d’un cœur léger, à une véritable catastrophe, soit dit sans exagérer.