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Puyjalon

nadien, il y en avait une espèce qui attirait tout particulièrement l’attention d’Henry de Puyjalon, et qui avait même toutes ses prédilections. Cet oiseau était le canard eider, ou moniac, « le plus remarquable, le plus intéressant, le plus précieux », a-t-il écrit dans ses « Récits du Labrador ».

Le canard Eider est, en effet, si précieux que dans les pays du nord de l’Europe, autrefois, on punissait de mort celui qui avait causé le trépas de l’un de ces oiseaux. En Islande, l’amende a remplacé aujourd’hui la peine capitale. Il en est de même en Norvège et en Suède, ces deux « régions labradoriennes de l’Europe ». Maintenant, le meurtre d’un canard eider n’est plus qu’un délit. Mais on a sauvé la race grâce à ces châtiments.

Sur notre Côte Nord, ce ne fut, à bien dire, jamais même un délit. Pendant des années, on a tué l’eider, comme tous les autres palmipèdes, d’ailleurs, à fusil que veux-tu, sans la moindre restriction légale. Et on se demande non sans stupéfaction comment il se fait que pendant si longtemps, aucune loi n’ait été passée pour protéger ce gibier qui existait autrefois sur notre Côte Nord en troupes innombrables. Pourtant malgré les massacres qu’on en a faits, la moniac ordinaire d’Amérique se rencontre encore en quantité suffisante, mais on a réussi probablement à éloigner pour toujours, l’« eider remarquable », ou Warnicootai, qu’on ne voit plus qu’en très petit nombre, dans les derniers jours de l’automne ; le gros de l’espèce stationne maintenant sur les bords de l’Atlantique.