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nouveaux établissements.

Nos pères ne connaissaient malheureusement pas le pays au-delà de la ligne seigneuriale de leur paroisse ; d’autre part, les gouvernements n’avaient encore rien fait pour la colonisation. Telles étaient les raisons qui engageaient des milliers de Canadiens à quitter leur pays pour aller chercher fortune ailleurs.

Obstinément attachés à l’héritage primitif du pays seigneurial par un patriotisme outré, nos pères avaient longtemps morcelé leurs fermes, divisé et subdivisé leur bien entre leurs enfants. À la fin, ce morcellement avait dû s’arrêter devant de grands obstacles. Les pères de famille furent conduits à ménager ce qu’on appelait des « arrangements » avec leurs enfants, donnant la terre à l’un d’entre’eux, à charge par lui de fournir certaines redevances ou capital à ses frères et sœurs. Il résultait de ces « arrangements » que, fréquemment, le premier s’obérait outre mesure, tandis que les autres dépensaient sans profit leur part d’héritage. Après un petit nombre d’années, les uns et les autres se trouvaient également dénués de ressources et réduits à louer leurs bras pour se procurer des moyens d’existence.

Ce fut ainsi que naquit au Canada la classe des prolétaires.

Alors, un certain nombre de Canadiens se décidèrent à placer leurs petits capitaux sur