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des terres nouvelles, pour éviter le gaspillage qui s’étendait autour d’eux. Mais ils se trouvèrent vis-à-vis des spéculateurs anglais qui avaient accaparé toutes les terres les mieux situées. On sait que dans les premiers temps, le gouvernement anglais avait concédé d’immenses portions de territoire avec une prodigalité inconsidérée. Les prétentions de ces détenteurs étaient exorbitantes et auraient promptement absorbé, en les ruinant, les faibles ressources des acheteurs. Les Canadiens reculèrent. Beaucoup de spéculateurs préférèrent laisser leurs terrains en friche et attendirent l’avenir. Cette sorte d’hommes a été funeste dans toutes les colonies. On ne saurait s’imaginer jusqu’à quel point elle le fut au Canada. Combien différents étaient alors le système des spéculateurs et celui des seigneurs.

La couronne anglaise possédait, à la vérité, enclavées dans l’intérieur, d’immenses étendues de terre en friche et libres encore ; mais dans ce pays souvent montagneux, il était presqu’impossible de former aucune exploitation agricole, faute de communications. Ce ne fut guère que vers 1850 que l’on commença à ouvrir çà et là quelques méchantes routes qui permirent aux pauvres colons de pénétrer dans ces contrées ; on en vit quand même plus d’un porter sur ses épaules son grain et