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Il faut le remplacer, et par un étranger, par un homme qui n’a pas de notre sang, qui n’a pas les mêmes habitudes que nous, qui ne parle pas la même langue, qui ne pratique pas la même religion, qui, souvent même, malgré les précautions des gouvernements et des agents d’émigration, aura été bien heureux de préférer le Canada où on l’a déporté à la prison qui l’attendait peut-être en son pays…

Eh quoi ! pendant que les gouvernements, pour satisfaire aux nécessités toujours plus impérieuses du pays grandissant, aux exigences surtout de l’agriculture et de la colonisation, cause première de notre prospérité et de notre avenir, paient des primes aux étrangers qui viennent s’établir sur nos terres, les aident par tous les moyens possibles à aborder sur nos rivages, à s’acclimater au pays ; pendant que des entreprises particulières de propagande et autres facilitent l’exode de ces mêmes étrangers, aplanissent les difficultés, renversent les obstacles qui s’opposent à leur entrée au pays ; pendant que des hommes influents, des agents de toutes sortes, des ministres mêmes s’en vont chercher ces individus jusque dans leur pays et les conduisent ensuite, presque par la main, sur des terres qu’on leur donne à peu près pour rien ; enfin, pendant que les compagnies de chemin de fer les transportent gratuitement d’un bout à l’autre du pays, jusque sur les terres