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soin de mouvement pernicieux, d’une fièvre ardente qui minent quelquefois à certaines époques, tout un corps social. Il faut un exutoire à ce besoin de mouvement ; et, pour nous, les États-Unis sont cet exutoire ; résultat aussi de l’« auri sacra fames », dernier mot de la civilisation moderne : résultat de luxe qui nous envahit…

Vivre aux États-Unis !… Et pourtant, si nous prenions la peine de comparer la vie de là-bas avec celle dont nous jouissons ici. Si nous réfléchissions un instant ; si l’on regardait un peu de plus près ! Si, au lieu de baser son opinion sur de vaines vantardises que l’on entend répéter à satiété, l’on voulait simplement ne porter un jugement que d’après les faits de la connaissance d’un chacun, comme nos impressions ne seraient plus les mêmes !… Combien de nos compatriotes se sont enrichis de l’autre côté de la frontière ? Combien en connaissons-nous qui, sous une certaine apparence de prospérité, ne font que végéter, sans mettre un seul sou de côté pour l’avenir ; qui n’ont d’autres moyens de faire vivre leurs enfants que de les engloutir dans les manufactures dès qu’ils ont l’âge de travailler ?

C’est vrai qu’il y a aux États-Unis des fortunes colossales, effrayantes ; c’est vrai que les deux tiers des millionnaires du monde entier ont pour patrie la grande République Améri-