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maître et libre chez soi, à aimer l’agriculture, à se perfectionner dans cet art, nous verrions bien vite le fléau de l’émigration arrêter pour toujours…

Voici un truisme, mais on ne saurait trop le répéter ; dans une famille nombreuse, ceux qui parviennent le mieux, ce sont les enfants qui, élevés sur la ferme, s’emparent, arrivés, à l’âge majeur, d’un bon lot de terre, sur lequel, à leur tour, ils voient grandir une famille. Ceux-là, après quelques années de peine, peuvent se créer un bel héritage qu’ils laisseront à leurs enfants. Qui peut être certain de la même chose parmi ceux qui s’en vont vivre dans les villes américaines. Ne laissons donc pas le certain pour l’incertain ; la réalité douce pour un rêve vague et décevant. Méfions-nous donc des belles apparences que l’on peut faire miroiter à nos yeux pour nous arracher à une vie honnête et paisible…

Sans cela, la terre mourra, notre pauvre grande amie, elle sera délaissée et dormira au bon soleil, tandis que les outils des champs se rouilleront. Les bras manqueront dans les champs, tandis que là-bas, les usines se rempliront de nos jeunes gens et de nos jeunes filles. L’humble église de nos villages deviendra trop grande et durant les cérémonies du dimanche, il y aura dans l’assistance des taches qui seront des bancs vides. Il y en a déjà