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trop. Là-bas, on massacrera notre belle langue des campagnes peu habituée aux concepts modernes, ou bien on l’abandonnera…

Que cela sera triste !

Et cela arrivera pourtant, si, envahi par le luxe tout à fait, on commence à rougir de son titre d’habitant ; à rougir d’être un homme qui habite « son » pays, un homme que l’on connaît, dont on connaît le père, la mère, l’aïeul et le bisaïeul ; quand on préférera se faire aventurier des grandes villes avec un passé ignoré ; renoncer au bénéfice d’honneur et d’estime dont on peut jouir chez soi pour s’en aller chercher dans une ville une place sans gloire, sans plaisir, pas toujours honorable ; quand, enfin, on trouvera que son titre d’habitant est synonyme de miséreux et que l’on s’attristera en comparant ses habits pauvres et simples à ceux d’un transfuge quelconque…